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![“Theotokos” est un titre honorifique qui reconnaît le rôle spécial de Marie dans l’histoire du christianisme en tant que mère de Jésus, qui est le Fils de Dieu incarné.](https://static.wixstatic.com/media/244835_c3d4edbccc334490a64068ae7ba14185~mv2.png/v1/fill/w_170,h_240,al_c,q_85,usm_0.66_1.00_0.01,enc_avif,quality_auto/MERE%20DE%20DIEU_edited.png)
![Jesus-Christ](https://static.wixstatic.com/media/244835_482c6e7889d147d68fdd7289cd776659~mv2.png/v1/fill/w_166,h_240,al_c,q_85,usm_0.66_1.00_0.01,enc_avif,quality_auto/CHRIST%202_edited.png)
PATRIARCAT ŒCUMÉNIQUE
ΙΕΡΑ ΜΗΤΡΟΠΟΛΙΣ ΜΕΞΙΚΟΥ
ARCHEVÊCHÉ DE MEXIQUE,
EXARCHAT DES ÎLES DES CARAÏBES
Paroisse de la Sainte Trinité - Martinique
![IMG_1016_edited.png](https://static.wixstatic.com/media/244835_8add6f906a1948d3b838b9c1fa0aade5~mv2.png/v1/fill/w_159,h_160,al_c,q_85,usm_0.66_1.00_0.01,enc_avif,quality_auto/IMG_1016_edited.png)
![photo PÈRE lazare 2004_edited.jpg](https://static.wixstatic.com/media/244835_5b795b127787481db60b053ddab6723a~mv2.jpg/v1/fill/w_145,h_207,al_c,q_80,usm_0.66_1.00_0.01,enc_avif,quality_auto/photo%20P%C3%88RE%20lazare%202004_edited.jpg)
DE LA VOCATION À L’ACTION
Une Chronique de Mission Avant et Après mon Ordination
La Martinique et la Guadeloupe, en tant que départements d'outre-mer, sont intégrées à la République française et par extension, constituent des territoires européens situés à distance du continent européen. En visitant ces îles, on se retrouve donc sur le sol de l'Union européenne, bien qu'elles soient géographiquement éloignées de l'Europe continentale. Ces régions sont souvent désignées comme des régions ultrapériphériques de l'Union européenne.
En posant le pied en Martinique, mon escarcelle était vide. J'ai dû labourer sans relâche, survolant les moindres détails de ma situation et les épreuves traversées sur tous les plans, alors que je n'étais encore qu'un jeune homme. D'ascendance grecque, je suis natif de la Guadeloupe, perle des Caraïbes, et je m'identifie comme créole, ce savoureux mélange d'Afrique, d'Europe et d'Inde. Ma croissance s'est déroulée en France, où j'ai été initié à l'orthodoxie par ma mère. Cheminant vers le monachisme au sein d'une église non canonique, j'ai ultérieurement embrassé la voie de l'Église russe rattachée à Constantinople, pour finalement accéder au diaconat puis au sacerdoce au sein de l'Église du patriarcat grec.
Chaque été, depuis près de quarante ans, je me rends en Grèce et au Mont Athos, sans le moindre soutien financier. J'économise scrupuleusement tout au long de l'année pour m'offrir, par la grâce divine, un billet d'avion. C'est sur ces terres saintes que je puise la nourriture spirituelle indispensable à mon âme, puisant aux sources vives de la vie des saints Pères ascètes et de la splendeur du Mont Athos.
Depuis près de quarante ans, mon établissement en Martinique est le reflet d'un témoignage orthodoxe singulier, "idiosyncrasique", qui s'avère être une clé pour toucher les cœurs, suivant en cela l'exemple du Christ. Chaque jour, je réponds à l'appel des fidèles qui me sollicitent, qu'ils soient orthodoxes ou non, en quête de conseils et de soutien dans leurs épreuves. Animé par l'amour de notre Seigneur pour tous, mon attitude bienveillante est perçue par les non-orthodoxes comme un motif les incitant à découvrir l'Église orthodoxe.
Je choisis de ne pas prononcer de paroles superflues aux non-orthodoxes et aux chrétiens, préférant, avec l'aide de la grâce divine, manifester uniquement l'amour inconditionnel de notre Seigneur. À la fin de nos échanges, je les invite simplement à "Venez et voyez", suivant ainsi l'exemple de Jean 1:39. En toute humilité, je m'abstiens de tout jugement, reconnaissant que nous sommes tous coupables les uns envers les autres. Notre vocation demeure vivante, offrant lumière et réconfort à ceux qui cherchent la paix et la vérité.
Dans l'isolement béni de la Martinique, je m'épanouis sans qu'aucune rétribution terrestre ne vienne altérer ma dévotion. Mon labeur, fruit des bénédictions célestes, des ferventes prières et du dévouement de quelques fidèles, se matérialise lors des agapes dominicales, où les repas offerts par ces âmes généreuses animent nos cœurs et nos esprits.
Ma vie, empreinte de frugalité, se déroule sous le signe de l'espérance et de la foi absolue en Christ, mon guide infaillible. En toute humilité, je consacre mes jours et mes nuits au service de la paroisse, trouvant en Lui la source intarissable de mes besoins comblés.
Tel un disciple imparfait mais résolu, je m'inspire de la lumière de saint Nectaire d'Égine pour guider mes pas sur le chemin de la vertu et de la piété. Bien que je me sente bien loin d'atteindre sa grandeur, je puise ma force et ma détermination dans le soutien indéfectible du Christ, qui ne m'a jamais abandonné.
Ainsi, dans la quiétude de ma modeste existence, je célèbre la grâce divine et je m'abandonne avec confiance aux desseins mystérieux et bienveillants de Celui qui pourvoit à tous mes besoins.
MA CASE
Ma réalité en Martinique m'a enseigné que la vraie mission se vit dans l'intimité des âmes, en toute discrétion, sans fanfare ni éclat, sans soutien extérieur, comme c'est le cas pour de nombreuses missions à travers le monde. Selon mon expérience, on est souvent seuls, en compagnie du Christ, car les mots manquent pour tout exprimer. Je pratiquais mon ascèse avec un seul repas par jour, et contre toute attente, je ne perdais pas de poids. Je résidais dans les tréfonds d'une forêt, à plus d'un kilomètre de la dernière demeure du Morne Vert, où une bâtisse délabrée et abandonnée m'avait été prêtée. Pendant 23 ans, j'ai occupé ce lieu, établi sur un terrain forestier, "jusqu'à nouvel ordre", avant que le propriétaire ne me le réclame en 2023. Je le bénis malgré l'âpreté de la situation.
L'accès à cette retraite était périlleux, nécessitant un 4x4 affectueusement surnommé 'Titine' pour braver les dangers du chemin. Cette voiture était indispensable pour transporter le matériel liturgique chaque semaine, assurant la préparation de la liturgie dominicale. Parmi mes fidèles compagnons, j'avais deux chiens et trois chatons, sans oublier le murmure constant de la rivière qui dévalait dans le ravin voisin. Ces présences animales et naturelles rompaient le silence de ma solitude, surtout lors des périodes sans visite pastorale. De manière sporadique, quelques serpents venimeux faisaient leur apparition, mais leur présence m'était devenue familière, tout comme celle des araignées locales, surnommées "matoutous falaises". Ces créatures ne me perturbaient guère, semblant même sensibles à la quiétude issue de ma communion avec Dieu. Toutefois, je dois reconnaître que le serpent bipède qu'est l'humain peut parfois se révéler plus dangereux que ses frères reptiliens qui nous évitent. L'homme, avec ses intentions parfois obscures, peut s'avérer un danger plus insidieux que les créatures de la forêt.
Ma première demeure au cœur de la forêt fut cette tente que vous apercevez sur la photographie ici-bas. Mon apostolat s'est avéré ardu, et il l'est toujours, mais jamais n'a-t-il été impossible, soutenu par la grâce divine. La paroisse dont j'ai la charge ne jouit pas d'un édifice propre, d'une église paroissiale dédiée à nos offices liturgiques. Nous étions contraints, de ce fait, d'utiliser les églises que l'Église catholique avait la générosité de nous prêter pour célébrer la messe. Aujourd'hui, ces portes nous sont fermées, et l'Église catholique ne nous prête plus ses lieux de culte.
Face à cette épreuve, il a été nécessaire de louer une maison aux tarifs onéreux, dont la sacristine généreusement prend en charge la moitié des frais. Le reste m'incombe, chaque mois, bien que je ne bénéficie d'aucun salaire. Autrefois, les messes se tenaient couramment dans une église catholique de Fort-de-France, la capitale, mais aussi dans une chapelle désaffectée du Carbet, au nord-ouest de l'île, du temps de l'ancien archevêque catholique. Celui-ci faisait preuve d'une grande générosité et d'un esprit œcuménique plus marqué.
L'absence d'un lieu de culte permanent imposait au prêtre que je suis, avec l'assistance de quelques fidèles dévoués, une logistique répétitive et fastidieuse. Chaque samedi, nous chargions tous les ustensiles nécessaires à la célébration de la Divine Liturgie dans notre véhicule : la table d'autel, les icônes, les croix, les chandeliers, les coffrets d'autel, les nappes, les couvre-livres, les vases sacrés et autres objets de culte. Arrivés sur place, nous déchargions et installions méticuleusement chaque élément au sein de l'église empruntée.
Après la célébration de la liturgie dominicale, le rituel s'inversait. Il fallait ranger avec soin chaque objet, les remballer et les transporter de nouveau. Ce périple hebdomadaire, qui nous menait du Morne Vert à Fort-de-France, puis de retour, après les offices, était devenu notre routine sacrée, un pèlerinage de la foi en action, témoignant de notre dévouement et de notre résilience face aux défis matériels de notre mission.
Au cœur de la forêt martiniquaise, la route était parsemée d'embûches, rendant indispensable l'usage d'un véhicule robuste, de préférence un 4x4. Durant cette période, les averses étaient un événement quotidien, transformant le chemin forestier en un bourbier qui entravait tout accès rapide. C'est ainsi que nous terminions notre trajet à pied, après environ vingt minutes de marche à travers la végétation dense.
Il arrivait que 'Titine', ma fidèle voiture, subisse des pannes. Dans ces moments, je devais recourir à un 4x4 prêté par une connaissance. Même sous la menace de nuages chargés, le processus de chargement des ustensiles liturgiques devait commencer sans tarder. Nous exécutions cette tâche avec soin, le toit du véhicule accueillant la table qui servirait d'autel et l'intérieur se remplissant de tous les autres objets nécessaires au culte. La pluie pouvait commencer à tomber, mais il nous fallait persévérer, sachant que l'ondée serait passagère et qu'il ne fallait pas perdre de temps à attendre.
Après avoir traversé les sentiers boueux de la forêt, nous parvenions à la chapelle du Carbet ou en ville à Fort-de-France. Le samedi après-midi, nous arrivions à l'église et entreprenions le déchargement. Nous préparions le lieu pour la Divine Liturgie du lendemain, disposant la Sainte Table, installant les icônes, drapant l'autel et plaçant les châsses et les prothèses. À 9 heures, tout était prêt pour le début de la liturgie. Auparavant, nous tenions l'orthros le dimanche matin, mais désormais, nous célébrons les offices le samedi soir, ce qui s'avère beaucoup plus pratique.
Les fidèles viennent et pendant la messe, je contemple leur réceptivité à l'exhortation du prêtre pendant les sermons. Lorsqu'on leur dit "élevons nos cœurs" ou "rendons grâce au Seigneur", et quand on les invite à "oser invoquer le Dieu céleste, Père, Fils et Saint-Esprit", ils répondent avec ferveur et espérance. Les mains levées et ouvertes, les yeux dirigés vers le ciel, ils adoptent une posture de supplication, établissant une communication intense et vivante avec le Père céleste.
Cependant, il est indéniable que les besoins de la paroisse revêtent une importance capitale. Jusqu'à présent, aucun soutien n'a été accordé par une quelconque association missionnaire en vue de l'érection d'une église au sein de notre communauté paroissiale. La tâche qui nous incombe est ardue, mais non insurmontable. Les récits les plus sublimes de l'apostolat s'écrivent souvent dans l'adversité, car c'est au cœur des épreuves que se révèlent les plus grands actes de foi. Que la louange soit rendue à Dieu en ce temps béni pour l’Église.
Le travail engagé dans le domaine spirituel et social se heurte malheureusement à un manque de ressources. Pourtant, notre rêve et projet premier consiste à obtenir des moyens financiers, ainsi qu'à ériger une église en Martinique, idéalement de style byzantin, dotée d'une salle adjacente pour répondre aux divers besoins de la communauté. Par la suite, nous aspirons à créer un refuge pour les personnes âgées ainsi qu'un autre pour les enfants orphelins de l'Église orthodoxe, afin de prodiguer soutien et assistance aux plus démunis. Tel un phare, notre ambition est de rayonner sur les îles françaises et des Caraïbes, en offrant une lueur d'espoir. Nous gardons espoir de voir tous ces projets se concrétiser un jour. En attendant, nous faisons preuve d'une patience inébranlable, car notre détermination demeure intacte. Chaque jour, nous puisons dans notre amour pour les démunis ainsi que dans la grâce divine qui nous est accordée.
Au sein de la communauté chrétienne orthodoxe, plusieurs catholiques se sont joints à nous par amour pour l'Église orthodoxe et sa riche tradition. Beaucoup d'entre eux ont été attirés par le sens profond de paternité spirituelle qu'ils ont trouvé en notre sein. Étonnamment, certains de ces catholiques reviennent progressivement à l’orthodoxie au sein de l'Église de la Martinique, non pas par prosélytisme, mais par une inspiration qu'ils attribuent au Saint-Esprit.
Lors de nos célébrations, nous chantons les hymnes de la Divine Liturgie, qui sont plutôt similaires à ceux des Russes, faute d'avoir un chef de chœur maîtrisant les mélodies grecques. C'est moi-même, le père Lazare, qui enseigne à ceux qui le souhaitent l'art de psalmodier dans les tons russes.
Les orthodoxes créoles présents participent à la communion avec les mains croisées sur la poitrine, manifestant une profonde dévotion. Une atmosphère empreinte de mysticisme se dégage de nos célébrations, où nos fidèles vivent l'orthodoxie avec l'enthousiasme et la spiritualité propres aux premiers chrétiens. À la fin de la cérémonie, lors de la distribution de l'antidoron, nous entonnons le Psaume 135 sur le premier ton, et nous nous réjouissons d'apprendre avec facilité les louanges funèbres, que nous répétons avec joie.
Nous nous efforçons de maintenir une pratique orthodoxe proche de celle de la Grèce, en combinant des chants slaves et une mentalité qui nous est propre. Chaque dimanche, à la fin de la Liturgie, nous nous réunissons pour un repas fraternel, partageant café, jus de fruits et diverses douceurs préparées avec amour par les dames fidèles. Ensuite, ceux qui le souhaitent peuvent rester pour les vêpres de 15 heures, célébrées de manière économique à ce moment-là.
Je m'efforce de demeurer fidèle aux valeurs d'un homme chaleureux, vivant et passionné,qui essaie de cultiver sa spiritualité à travers lectures et voyages, notamment au mont Athos. Faisant des économies pendant une année à épargner pour acheter mon billet pour la Grèce, . Je nourris une crainte révérencieuse envers Dieu, veillant sur mon âme et affrontant avec espoir les nombreux défis inhérents à ma mission de transmettre le message de l'orthodoxie à mes compatriotes, sans jamais recourir au prosélytisme.
Cette mission, que je vis intensément, m'enseigne l'amour authentique pour autrui et une sollicitude à leur égard, tant sur le plan matériel que spirituel. Ma vie dans l’ascèse ne passe pas inaperçue et devient un aimant pour de nombreuses personnes, les attirant vers l'orthodoxie sans aucun prosélytisme et les inspirant par mon enthousiasme et ma foi. Car l’esprit saint fait toute chose si nous gardons l’espoir au-delà de notre faiblesse( 1 COR,12-6). Ce qui me donne dans le chemin de la croix, une vie difficile mais expérimentée. Pour moi, l'essence de cette mission réside non pas dans l'accomplissement de multiples actions, mais dans l'incarnation de l'amour pour Dieu et pour mon prochain.
Enfin, je rends grâce à ceux qui ne m'ont pas apporté leur aide, car leur refus m'a poussé à lutter et à persévérer, renforçant ainsi ma détermination. Cette lutte n'est pas terminée, mais je demeure résolu. Gloire à notre Seigneur Dieu!
L'effort qui nous fortifie à travers nos faiblesses, tel que cela peut être illustré dans certaines des images ci-dessous…